Cris ou chuchotements entre cellules pendant l’embryogenèse des ascidies
Au cours du développement embryonnaire, à mesure que les cellules se divisent, elles assument des rôles de plus en plus précis et spécifique dans l’organisme. Dans la plupart des embryons, y compris le nôtre, ce processus est reproductible au niveau des tissus, le comportement des cellules individuelles variant d’un embryon à l’autre.
Dans certains embryons, cependant, dont ceux d’un petit invertébré marin, l’ascidie Phallusia mammillata, la reproductibilité du développement embryonnaire se fait au niveau cellulaire : il est possible de nommer chaque cellule et de trouver une contrepartie dans chacun des embryons de l’espèce.
Dans un article publié dans la revue Science le 10 juillet dernier, une équipe interdisciplinaire de scientifiques du CNRS, de l’INRIA et de l’EMBL, dirigée par Patrick Lemaire, Christophe Godin et Grégoire Malandain, a systématiquement reconstitué dans le temps la géométrie et l’agencement de chacune des cellules des embryons vivants de Phallusia mammillata.
L’analyse de cet ensemble de données montre que l’embryogenèse de cet animal est caractérisée par l’absence de mouvements et d’apoptose des cellules et par une très forte reproductibilité entre les embryons, jusqu’à l’échelle subcellulaire des surfaces de contact des cellules. De plus, les auteurs ont pu relier cette reproductibilité à un mode de communication inhabituel, par contact direct entre cellules.
Ce travail relie donc la portée des signaux cellulaires et l’échelle, cellulaire ou tissulaire, à laquelle la reproductibilité du développement est observée.
Une courte vidéo d’animation, réalisée par Laurence Serfaty et Isis Leterrier, explique en termes non spécialisés la démarche scientifique et les principaux résultats de cette étude.