Florence Giger, Alicante, 23-26 October 2019
European Developmental Biology Congress
→ 400 € Prize
Postdoc with Corinne Houart, King’s College, London
– article in French –
Le congrès a réuni dans l’auditorium de la Disputacio d’Alicante 600 participants provenant majoritairement mais pas exclusivement de laboratoires européens, autour de thèmes illustrant la diversité de la biologie du développement à l’heure actuelle, de l’organisation 4D du génome aux phénomènes biomécaniques sous-tendant les mécanismes morphogénétiques. Ce type de congrès permet d’avoir un excellent aperçu des thématiques actuellement abordées dans tous les domaines de biologie du développement, et des techniques utilisées et développées pour répondre aux questions posées actuellement. Denis Duboule (Suisse) a ainsi présenté les avantages et limitations des organoïdes pour étudier l’architecture et l’organisation du génome.
La session d’ouverture a donné le ton avec une excellente double présentation de Nipam Patel (Massachussetts, Etats-Unis), aussi fascinant sur la stratégie évolutive de type couteau-suisse des crustacées que sur la diversité de coloration des ailes de papillon. Les organismes non conventionnels étaient à l’honneur, Eve Sauntjens (Belgique) nous a ainsi fait découvrir la richesse de l’embryon d’octopus qui, bien que faisant partie du clade des mollusques, présente de nombreuses similarités avec les mammifères au niveau de l’organisation du système nerveux, nourrissant la théorie de la convergence évolutive. Enfin, j’ai été fascinée par les travaux de Nicolas Rohner (Kansas, Etats-Unis), identifiant un ensemble de particularités de type diabète chez les cavefish, ce qui leur permet d’augmenter naturellement leur prise de poids suite à l’inondation annuelle de leur caverne leur apportant leur nourriture. Ces caractéristiques de type diabète s’accompagnent d’un système immunitaire relativement faible qui leur permet de ne pas souffrir d’inflammation et n’est pas délétère dans un environnement a faible charge parasitique.
En lien plus direct avec mon étude des mécanismes de neurulation dans le cerveau antérieur, les présentations liées à la morphogenèse ont été particulièrement intéressantes. Ainsi, Roberto Mayor (Royaume Uni) a présenté un modèle de migration collective des crêtes neurales, mettant en évidence l’importance de l’anisotropie de contractilité au sein d’un groupe de cellules pour promouvoir leur migration collective. Luis Maria Escudero (Espagne) a décrit le principe biophysique des scutoides, une transition T1 spatiale apico-basale, qui permet de lier connexion cellulaire et courbure d’un tissu, ce qui est crucial au cours de la morphogenèse d’un épithélium. Ces scutoides ayant été observés dans de nombreux épithéliums, il est probable qu’ils jouent également un rôle au cours de la neurulation de la plaque neural antérieure.
Les sessions posters ont permis de nombreuses interactions scientifiques et techniques. J’ai en particulier pu discuter de nouvelles techniques d’analyse de données 4d acquises par microscopie confocale lightsheet et d’échanger de manière très concrète sur l’utilisation d’un logiciel d’analyse d’images qui vient d’être acquis par notre département. Les discussions autour de mon poster m’ont permis d’identifier les points les plus intéressants aux yeux de la communauté et les questions sur lesquelles me pencher en priorité.
Enfin, les pauses café, déjeuner et diner ont permis d’établir de nouveaux contacts au sein de la communauté européenne de biologie du développement, autour de conversations scientifiques informelles aussi sympathiques qu’intéressantes!